En 2050 l’accélération et l’amplification des processus de transformation des environnements mis en place avec l’Anthropocène seront la source d’extrêmes imprévisibles. Ces processus ont été mécanisés et uniformisés, les environnements contrôlés. Or, dans un contexte de crise climatique, les environnements deviendront incontrôlables – environnements humains, naturels ou entre les deux, l’environnement technologique. Dans la perspective de 2050, l’enjeu devient la préservation et la régénération d’un milieu de vie – de l’humain et de tout ce qui assure sa pérennité.
La vision : un jardin, la croissance dans la diversité et l’inclusion
Si la préservation du vivant passe par la création d’un jardin, il s’agit d’y faire grandir et foisonner tout à la fois une culture végétale mais également un milieu de vie, des communautés, des individus singuliers et diversifiés. Le présent projet propose ainsi des principes d’inclusion et de rencontre, de coexistence et de partage de toutes les perspectives, de tous les savoirs. S’il existe une saison et des lieux pour la croissance et la récolte alimentaire, un temps et des lieux pour la croissance de l’humain sont nécessaires. L’objectif est de transformer le territoire de Sudbury d’un lieu de transit en une milieu de vie, par une requalification de son centre-ville, en insistant sur la richesse existante et sur la future autonomie de la ville, renforçant la diversité économique et culturelle (célébrant la rencontre entre autochtones et allochtones, entre cultures anglophones et francophones, dans la diversité des origines).
La réappropriation collective de l’espace
Afin d’œuvrer à la survie du vivant, la Municipalité de Sudbury doit se donner les moyens lui permettant de se réapproprier son centre-ville, de revoir tous les systèmes sociaux en place, de sortir du système marchand, de revoir les droits de propriété afin de repenser le bien collectif. La piétonisation du centre-ville initie un tel processus.
Une communauté en réseau
En 2050, le centre-ville de Sudbury incarne la version hautement intensifiée d’un tissu communautaire unique, un lieu de stratification et de maillage assurant la connexion des individus à leur environnement paysager, productif, social et économique, selon des formes de mixité qui induisent l’interaction.
Un métabolisme autonome
En 2050, Sudbury renforce son autonomie avec des processus de production durable et d’économie circulaire : extraire des ressources, les transformer localement, les redonner à l’environnement. Un milieu de vie autonome se déployant en cycle complet, bénéficiant des savoirs autochtones, qui répond aux nouveaux enjeux planétaires.
Un centre-ville collectivement réapproprié
Le centre-ville de Sudbury piétonnier devient un vaste espace de circulation ouverte, traversé par le ruisseau Junction (excavé) et un parcours couvert permettant la circulation hivernale entre bâtiments, longé par la coulée verte de la rue Elgin. La frontière entre domaines publics et privés s’estompe par la porosité du cadre bâti et l’appropriation collective de l’espace public. Le quartier est desservi par un tramway électrique de proximité et un transport public sur son pourtour le reliant au Grand Sudbury, tout en accommodant les personnes âgées ou à mobilité réduite.
L’industrie au cœur de la ville
En 2050, la rue Paris est la colonne vertébrale d’un écosystème dynamique de PME. Une industrie légère s’y développe, axée sur l’alimentaire (production, transformation, entreposage, distribution), les énergies renouvelables, la transformation de matières premières (bois, nickel) et par extension une multiplicité d’économies dérivées (incluant la construction et l’industrie de pointe). Ce quartier d’activité foisonnant et milieu de vie dynamique attirera les travailleurs, contribuant à renforcer l’autonomie du Grand Sudbury.
La mobilité dans le Grand Sudbury
L’enjeu en 2050 est d’affranchir le Grand Sudbury peu densifié de la dépendance à la voiture. Ainsi les axes de circulation existants (structurant le territoire, reliant le centre-ville aux zones d’occupation péri-urbaines) seront renforcés par une infrastructure de transport multimodale, mettant de l’avant l’énergie renouvelable (électrique) et le transport partagé.
Le secteur de l’aréna
En 2050, l’aréna demeure une infrastructure sportive de spectacle accessible par le transport intermodal du Grand Sudbury. Le secteur est résidentiel muni d’une riche armature commerciale de sorties (le long de la rue Elgin), ou de services de proximité. L’aréna dessert également la communauté locale auquel se greffe un ensemble d’autres équipements sportifs et scolaires.
Le « Borgia Hub »
Le marché Borgia, ancien cœur de Sudbury, renaît de ses cendres. En 2050, il devient un hub incubateur d’initiatives locales, espace de rencontres et makers lab 24/7. Le bâtiment existant est percé de cours intérieures, agrémenté de serres de production alimentaire et contourné en son rez-de-chaussée d’un marché public intérieur/extérieur. Le Borgia est aussi le lieu d’un centre des congrès et d’un hôtel, situé en bout de l’axe industriel et économique de la rue Paris.
L’habitat comme levier de développement communautaire
Chaque édifice participe à un tissu mixte de logements (types de propriété), répond à la diversité de la population : des travailleurs impliqués dans l’économie locale, des processus d’inclusion des sans-abris ou logements sociaux, à l’accueil de nouveaux arrivants. Les services de proximité, les espaces de rencontre et jardins communautaires sous forme de serres en toiture sont essentiels à cette mixité d’habitat et à la construction d’un milieu vivant.
La forêt « Mémorial »
Au cœur du centre-ville de Sudbury, la mémoire s’affirme en place et lieu du parc Mémorial. La nature reprend ses droits. Le ruisseau Junction est excavé. Des sentiers traversent une forêt dense et luxuriante. Au cœur du parc, une bibliothèque préserve la mémoire collective. S’y adosse un pavillon temporaire dédié à la communauté, lieu co-construit par elle et un architecte invité, tels les pavillons ci-illustrés de Junya Ishigami (été) ou de Tadashi Kawamata (hiver).
Le lexique / laboratoire de possibles
Tel un jardin, le lexique présente un foisonnement d’activités potentielles pour le Sudbury du futur. Il propose un processus permettant à la communauté d’imaginer, d’inventer et réinventer collectivement d’autres possibilités. Pour ce faire, des activités passées ou existantes ont été repérées et mises sous la loupe. Le lexique rend visible des actions qui ont en elles le potentiel du futur.