Campus ONF
Élaboration d’une vision communautaire pour la requalification de l’ancien site de l’ONF.
L’Office National du Film est une icône culturelle au Canada et dans le monde entier, pionnière de mouvements d’avant-garde tels que le cinéma direct. En 2019 l’organisme a déménagé au centre-ville, laissant derrière lui un immense campus dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Ce site appartient maintenant à la Société Immobilière du Canada (SIC) dans l’optique de le redévelopper.
Pivot et l’OBNL d’urbanisme L’Arpent ont été mandatés par le Comité des Organismes Sociaux de Saint-Laurent pour mener une démarche de consultation publique et co-conception afin de développer un projet pour le site de l’ONF qui réflète les besoins et les désirs de la communauté.
Au cours d’un an, Pivot et L’Arpent ont mené des cafés citoyens, des consultations publiques, des tables de discussion et des ateliers d’idéation impliquant aussi bien les groupes communautaires que les résidents et les travailleurs du quartier. Cette vision a été développée en amont des démarches de la SIC pour que les citoyens puissent faire valoir leur vision et s’organiser en vue des forts changements qui se produiront dans leur quartier, avec entre autre l’arrivée du Réseau Express Métropolitain et d’autres développements immobiliers.
Le campus de l’ONF se situe dans un secteur particulier de la ville de Montréal. Il s’agit d’un quartier enclavé, bordé d’une autoroute et du chemin de fer sur trois côtés, caractérisé par une logique suburbaine basée sur l’utilisation de l’automobile causant un sérieux manque de services de proximité.
Dans ce quartier se côtoient deux populations distinctes: des habitants de classe moyenne, plutôt âgés et majoritairement canadiens, habitant dans des maisons unifamiliales, et une population immigrante racisée, très jeune, composée de familles à revenu plutôt faible, vivant dans des apartements locatifs.
Le manque de logements adéquats et de services et commerces de proximité affecte majoritairement cette deuxième population, dont le coeur culturel et communautaire est le Centre Boncourage. C’est lors de nos consultations que nous avons pris conscience du rôle fondamental que le Centre joue dans le bien-être des citoyens du quartier, ainsi que de leur manque criant d’espaces adaptés pour offrir les services nécéssaires à la communauté.
D’une taille de 40 000m2, l’ancien campus de l’ONF a requis une réflexion à l’échelle urbaine pour être retravaillé. Pour la communauté riveraine, le complexe a été inaccessible pendant des décennies. Face à l’autoroute, il est presque invisible parmi les concessionnaires automobiles et entrepôts. Le parti adopté face à cette difficile situation a été d’aménager des brèches dans les obstacles coupant le site du quartier, et de marquer chaque point de passage par un seuil sensoriel qui le met en valeur.
Vers la rue Hodge, le seuil déjà existant est créé par l’ancienne guérite qui devient pavillon d’accueil, et la passerelle sous laquelle on doit passer.
Du côté de Place Benoît, une ruelle bleue et verte crée un espace social entre les immeubles résidentiels existants et ceux projetés dans l’ancien stationnement de l’ONF, tout en permettant un foisonnement de verdure qu’on franchit par deux petits ponts.
Le long de l’autoroute de la Côte-de-Liesse, une butte haute de quatre mètres est plantée d’une microforêt, qui démarque franchement le site de son contexte asphalté. Elle n’est interrompue que devant l’entrée principale, qui est ainsi mise en valeur et rendue visible depuis l’autoroute.
Au coeur du nouveau développement, une vaste place est aménagée, dont le point bas est un jardin de pluie alimenté par une rigole qui longe l’axe principal, et bordé par des jeux d’eau. La nouvelle topographie proposée à l’échelle du site, en plus de créer des seuils et de favoriser la biorétention des eaux de pluie, permet d’accéder de plein pied à l’ancien bâtiment, dont le rez-de-chaussée se situe en ce moment à 1.5m du sol.
Le nouveau programme développé selon les priorités de la communauté a été organisé en fonction des contraintes du site et aussi des opportunités qu’offrent les bâtiments existants. Les logements et le centre de la petite enfance ont été situés aussi loin que possible de l’autoroute. Les nouveaux immeubles résidentiels, hauts de 5 à 8 étages, ont été modulés pour maximiser la densité tout en assurant l’ensoleillement du quartier limitrophe et des aires publiques. Ils offrent de nombreux logements pour familles reflétant les besoins de la population, ainsi que des configurations intergénérationnelles, plus adaptées aux modes de vie culturels des habitants du quartier que résidences pour personnes âgées habituelles. Les commerces de proximité sont prévus au rez-de-chaussée de ces immeubles, où ils animeront l’arrivée au site ainsi que la grand-place. Leur taille généralement petite est voulue pour assurer une diversité de commerces tenus par des gens de la communauté, à un loyer abordable.
Un minimum d’immeubles doit être démoli, parmi les moins significatifs, pour ouvrir l’espace de la grand-place. Les autres immeubles sont conservés, et leur valeur historique perpétuée par la réutilisation. Les salles de cinéma d’origine sont conservées et deviennent le centre d’une nouvelle médiathèque, dont les activités déborderont en été dans la cour intérieure du bâtiment principal. Le studio où étaient enregistrées les bandes sonores des films sera occupé par la radio communautaire et sera disponible pour les projets musicaux d’artistes locaux. L’ancienne cafétéria avec sa cuisine commerciale deviendra une cuisine communautaire, et le centre des services liés à la sécurité alimentaire. L’immense plateau de tournage principal deviendra un gymnase multifonctionnel, alors que les anciennes loges des artistes deviendront des vestiaires individuels.
Au cœur du programme, on retrouvera le Centre Bon Courage, entouré de plusieurs autres organismes offrant des services à la communauté, qu’il s’agisse d’un atelier de vélos, d’une clinique communautaire, d’ateliers pour activités artistiques ou encore du potager. Enfin, les espaces face à l’autoroute et au niveau 2 seront en partie occupés par des espaces locatifs non programmés pouvant accueillir des petites entreprises de toutes sortes.